Du Plan Marshall US au Plan Marshall wallon, la SPI+ fête ses 45 ans
Il y a 45 ans, à l'initiative du Baron Pierre Clerdent, la SPI+ était créée. C’est l’occasion pour l’intercommunale de développement économique de la province de Liège de se pencher sur les évolutions survenues au niveau de ses métiers (services immobiliers et immatériels aux entreprises, services aux communes) depuis près d’un demi-siècle. Une opportunité aussi de tirer le bilan de l’activité 2005 et d’esquisser les perspectives pour 2006.
A l’époque de sa création, la 17 février 1961, 27 communes (non fusionnées), soit 32% de la population de la province, sont affiliées à l’association, qui ne portait pas encore son nom actuel. Aujourd’hui, 83 communes sur 84 sont membres de la SPI+, soit 99,8 %.
« Historiquement, le premier métier de la SPI+ est l’équipement des parcs d'activités économiques et la mise à disposition de terrains ou bâtiments aux entreprises. Cette activité a connu une forte évolution, tant quantitative que qualitative », rappelle Françoise Lejeune, fraîchement promue Directrice générale adjointe de la SPI+, et appelée à succéder à André Lacroix en qualité de Directeur général au printemps 2007.
Quantitativement, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Dix ans après sa création, la SPI+ accueille déjà 92 entreprises (10.700 emplois) dans 25 parcs industriels. En 1990, 557 entreprises (20.351 emplois) occupent ses 36 parcs industriels et 10 bâtiments relais. En 2005, 1.599 entreprises (32.447 emplois) sont installées dans ses 40 zones d’activités, 32 bâtiments relais et 10 espaces entreprises. « A titre d’exemple, le parc des Hauts Sarts, avec 445 ha, 260 entreprises et 7.074 emplois, est le plus grand de Wallonie en termes de surface et d’emploi, le 10ème au niveau belge », souligne Françoise Lejeune.
Au niveau des ventes, 2005 peut-être qualifiée de bonne année, dans un contexte difficile : au 31 décembre 2005, 68 actes de vente et compromis de vente aux entreprises ont été signés pour un montant de 6.500.000 € et une superficie de 38 ha.
Les mutations qualitatives ne sont pas moins spectaculaires. « Qu’elle semble loin, l’époque où, dans la foulée du plan Marshall, le vrai, nous accueillions presque exclusivement des multinationales étrangères, principalement américaines ! ». Le nombre d’entreprises étrangères installées en province de Liège a certes quintuplé entre 1971 et 2005, passant de 38 unités à 209, mais leur part dans le total a chuté parallèlement de 41% à 13%.
Au fil du temps, d’autres tendances sont apparues : tertiarisation du tissu économique, diminution de la taille des terrains, petites PME, services, entreprises locales, création de parcs spécifiques (LIEGE Science Park et le Téléparc des Hauts Sarts e.a.) et exode des entreprises des centres vers la périphérie.
Actuellement, la logistique exige de grands terrains, les autres secteurs se contentant de parcelles plus modestes. Il n’empêche : la taille moyenne des parcelles évolue à la hausse depuis une dizaine d’années, provoquant un manque de terrains à court terme. « Quelques 91 entreprises attendent actuellement un emplacement pour démarrer leur activité », déplore Françoise Lejeune, soulignant la saturation effective ou prochaine de nombreux parcs d’activités.
Même si les perspectives sont meilleures à moyen et long terme (espaces disponibles à Bierset et le long de la Meuse avec Trilogiport et le départ d’Arcelor, espaces libérés par le plan prioritaire wallon), la SPI+ veille à la gestion parcimonieuse du sol. C’est dans le même esprit qu’elle se soucie en permanence de ramener des activités économiques non polluantes en milieu urbain, dans un souci d’assurer la mixité des fonctions.
La préoccupation environnementale est désormais fermement ancrée dans les mentalités et les actes à la SPI+. « Les implantations dans les nouveaux parcs sont systématiquement soumises au respect de conditions urbanistiques et environnementales strictes. Partout où c’est possible, nous pratiquons la verduration. Avec le concours de la Sorasi, nous assainissons un maximum de friches industrielles pour les rendre à une nouvelle vie, différente. Avec l’UWE, le club d’entreprises des Hauts Sarts a entamé une démarche collective de certification environnementale ISO 14001, c’est une première wallonne ! ».
Depuis sa création, la SPI+ accueille les investisseurs locaux ou étrangers, auxquels elle fournit également des services immatériels. Ce soutien prend des formes diverses : aide en matière d’obtention de permis de bâtir, ou de soutien financier à l'investissement (public ou non), plan marketing, création d’activité, veille et information au sujet des marchés publics (en qualité d’Euro Info Centre reconnu), conseils en matière de TIC (via le Forum Télécom, qui fête ses 10 ans cette année).
« Les statistiques 2005 attestent l’intérêt croissant des entrepreneurs pour ces services : 102 entreprises ont bénéficié d’aides publiques via la SPI+, 21 nouvelles entreprises étrangères installées (promettant la création de 244 emplois), 1059 questions sur la création et le développement d’entreprises, plus de 30 manifestations et 750 participants pour le Forum Télécom, l’accompagnement de 42 entreprises liégeoises à Futurallia 2005, dont la SPI+ était co-organisatrice », commente notre interlocutrice.
Depuis 1990, les communes et autres services publics trouvent au sein de la SPI+ un service qui les accompagne dans leur projet : montage du dossier, recherche de subsides, maîtrise d'ouvrage déléguée, conseil technique, étude marketing, montage financier, organisation de concours, suivi de plans communaux d’aménagement. Des visites ont été organisées dans les arrondissements de Verviers et Huy/Waremme en 2005 pour montrer des réalisations SPI+ très variées au bénéfice des communes : infrastructures culturelles, sportives, touristiques, habitat, bureaux, halls de travaux, crèches, hôpitaux, édifices religieux. Une visite similaire est prévue pour l’arrondissement de Liège fin avril 2006.
« Depuis toujours, mais aujourd’hui plus que jamais, la SPI+ est un opérateur qui travaille en collaboration avec d'autres », se plaît à souligner Françoise Lejeune. « Les 105 personnes qui constituent la SPI+ sont en permanence animées par la volonté d'être une société de développement efficace pour notre région, en partenariat avec un maximum d’acteurs. Les créations récentes d'un secteur logistique, en partenariat avec le privé et les opérateurs publics (province, SAB, Meusinvest), celle d'un GIE avec les ports de Liège et d'Anvers, celle d'une plate-forme multimodale à Liège Logistics, avec LLI, illustrent cette politique de la main tendue ».
L’année 2006 s’annonce déjà fort active, notamment avec la poursuite des collaborations nouées avec la SOWAER (pour les terrains de Liege Airport), avec ARCELOR et la SODIE (recherche d'investisseurs étrangers), avec le GRE (animation économique), avec la CCILV, l’ULg et le Tribunal de Commerce (entreprises en difficulté), avec l’APAQ-W et la province (agro-alimentaire), enfin avec « Wallonie développement », soit les 8 acteurs wallons du développement économique. Sans oublier, toujours dans le registre de l’animation économique, PACK’in LIEGE, le prix CRESCENDO, et l’intensification du projet « Strategisch innoveren in de EUREGIO ».
Le service « développement rural et urbain » de la SPI+ poursuivra en 2006 quelques 84 projets entamés et mènera une réflexion sur les coûts de construction des bâtiments et sur la rentabilité des projets. Avec INTRADEL, la Commune d'Aubel et l'entreprise DETRY, le projet d'une station de biométhanisation sera poursuivi.
Enfin, au niveau des infrastructures pour entreprises, il est prévu quantité de travaux (extension, mise en œuvre de nouvelles zones d’activité économiques, CCUE) en maints endroits : Plénesses, Cahottes III, NTM, LIEGE LOGISTICS, Verlaine, Baelen-Eupen, Damré, Geer, Hannut, LIEGE Science Park, Lontzen, St Vith, Soumagne, Welkenraedt… Des efforts particuliers viseront à faire croître le taux d’occupation de bâtiments relais et des espaces entreprises.